Affaire Grégory : Jean-Marie Villemin prend la parole dans une BD qui sort aujourd’hui, après 18 ans de silence
Le père de famille a souhaité rendre hommage à son fils, Grégory, à travers cet ouvrage.
Près de quarante ans après le meurtre de son fils, Grégory, le 16 octobre 1984, à Lépanges-sur-Vologne (Vosges), Jean-Marie Villemin a décidé de livrer sa vision, sa vérité, sur cette affaire judiciaire qui a secoué tout une famille, un département, une région, un pays. La BD est co-écrite par Pat Perna et illustré par Christophe Gaultier, et elle paraît aux éditions Les Arènes ce jeudi.
Dans les yeux de Jean-Marie Villemin
L’album, baptisé Grégory, a été préfacé par Jean-Marie Villemin, qui explique sa décision de raconter sa version des faits. Le père de famille avait 26 ans au moment des faits, et dénonce, dans son texte, « la médiatisation de (sa) tragédie ». Il fustige les policiers, magistrats et journalistes. « Un anéantissement total », c’est par ces trois mois qu’il reprend la parole, après de très longues années de silence.
C’est avant tout le point de vue du père et du mari qui a vu basculer sa vie qui est présenté dans cette BD. Celui d’une victime, mais aussi d’un bourreau [NDLR : Jean-Marie Villemin a tué son cousin, Bernard Laroche, car il était convaincu qu’il avait assassiné son fils]. L’intrigue se déroule d’ailleurs durant le procès de Jean-Marie Villemin en 1993.
Sans Christine Villemin
L’épouse de Jean-Marie Villemin, mère de Grégory, a refusé de participer au projet. A l’époque, Christine Villemin a été présentée, un temps, comme la principale suspecte, avant d’être innocentée. Jean-Marie Villemin parle d’elle comme d’une grande brûlée des médias.
Une BD pour honorer la mémoire de Grégory
L’objectif, pour Jean-Marie Villemin était avant tout de rendre hommage à son fils. Cela passait, pour lui, par le fait de retracer l’histoire de la période « la plus noire » de leur vie… En racontant l’amour, entre Jean-Marie, Christine, et leur fils. Si des raccourcis ont été nécessaires, le fond est quant à lui authentique, rien n’a été inventé. Jean-Marie Villemin a conclu sa préface en s’adressant à son fils : « Je pense très fort, chaque jour, à notre petit homme, Grégory, qui nous donne la force de vivre sans lui, de vivre en dehors de la haine, sans rancœur, de vivre heureux et de vivre pour sa mémoire. Pour toujours avec lui. »
Un projet qui a mis deux ans à aboutir
Pendant deux ans, Pat Perna a échangé avec Jean-Marie Villemin. Deux années d’immersion dans les Vosges ont aussi été nécessaires. Christophe Gaultier, qui a mis l’histoire en images, s’est inspiré de portraits de familles et de photographies de l’époque.
Un meurtre non élucidé et une enquête toujours ouverte
40 ans après, l’enquête n’est toujours pas terminée. En mars, la justice avait ordonné de nouvelles expertises pour essayer d’authentifier la voix du corbeau sur certains enregistrements. Une deuxième BD est sortie hier, avec une démarche différente. Il s’agit de « Le Corbeau », parue aux éditions Petit à Petit. Elle retrace l’affaire, à la manière d’un documentaire, et elle est scénarisée par Tristan Houllemare et Béatrice Merdrignac. Elle a été dessinée par Grégory Lé et met à plat, factuellement, tous les éléments de l’enquête.