Double homicide à Xertigny (88) : Le mis en cause squattait la maison du frère d’une des victimes

On en sait un peu plus sur les circonstances du double homidice qui a eu lieu ce lundi 31 mars à Xertigny, dans les Vosges.

Xertigny
Zoé Thomas • La conférence de presse du procureur de la République d’Épinal au tribunal judicaire d’Épinal

Ce mercredi, le procureur de la République d’Epinal a tenu une conférence de presse à propos du double homicide survenu lundi sur la commune de Xertigny, dans les Vosges. Les premiers éléments de l’enquête y ont été dévoilés.

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Frédéric Nahon, procureur de la République (à droite), Colonel de gendarmerie Grégory Moura (à gauche) – Crédits : Zoé Thomas

Plus de 25 gendarmes vosgiens sont engagés sur cette affaire. 15 enquêteurs de la brigade de recherche de Remiremont (qui a la direction de l’enquête) et de la section de recherche de Nancy sont mobilisés.

Frédéric Nahon, le procureur de la République d’Épinal, en dit plus sur les évènements dramatiques qui ont touché Xertigny, lundi 31 mars : « Il ressort de ces investigations les points suivants. Le domicile où le mis en cause a été interpellé est celui du frère de la femme décédée. Le propriétaire de la maison était parti en vacances et avait demandé à sa sœur de garder son domicile. »

Frédéric Nahon – Le procureur de la République d’Épinal.

Les résultats des autopsies, réalisées hier, devraient être connus bientôt, mais confirment déjà les coups portés aux crânes des victimes. Après son interpellation à Xertigny, le mis en cause a été conduit à l’hôpital psychiatrique de Ravenel, à Mirecourt, où il était toujours admis mercredi après-midi. Il n’a donc pas encore été interrogé. Plus de 25 témoins ont en revanche été entendus pour l’heure dans l’affaire.

Le récapitulatif des faits qui se sont produits lundi à Xertigny

Lundi 31 mars 2025, vers 14 heures, les militaires de la gendarmerie étaient appelés pour intervenir rue Haut de la gare à Xertigny suite à la découverte de deux corps sur la voie publique par des promeneurs.

Sur place, les enquêteurs constataient la présence sur la route, peu fréquentée, en zone pavillonnaire et à proximité de la forêt, d’un homme et d’une femme, tous deux sans vie. Ils étaient âgés de 76 ans.

Selon le colonel Grégory Moura, « la scène de crime [à Xertigny] est complexe avec plusieurs scènes et sites » sur lesquels il a fallu enquêter et collecter des informations.

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Colonel de gendarmerie Grégory Moura et Colonel Thibault Fritz – Crédits : Zoé Thomas

« Des premières constatations, il apparait que les deux corps avaient le crâne fracassé. La femme était en position recroquevillée à proximité d’un muret, l’homme au milieu de la chaussée. À proximité des corps étaient retrouvées plusieurs pierres ensanglantées, de la taille d’un gros pavé, ainsi qu’une canne brisée » détaille le procureur de la République d’Epinal, M.Nahon.

Un homme interpellé…

Les militaires, deux gendarmes de la brigade territoriale de Xertigny, se sont rendu à la porte de la maison située directement en face des deux corps. Un homme, présentant des traces de sang sur ses pieds nus, leur a ouvert et leur a indiqué être chez des amis et savoir pourquoi les gendarmes étaient là. Il a ensuite tenté de refermer la porte et asséné une claque à un des gendarmes.

Le peloton de surveillance et d’intervention a été appelé en renfort. Au début, la situation était floue et les militaires ne savaient pas s’il y avait plusieurs menaces ou plusieurs individus concernés.

« Il s’agissait de lever tout doute, de reconnaître l’ensemble des secteurs environnants et de sécuriser pleinement la scène pour travailler en toute sécurité et pour être sûr qu’on n’avait pas derrière d’autres problématiques », précise le colonel Grégory Moura, commandant le groupement de gendarmerie départementale des Vosges.

Aucune autre personne n’a finalement été trouvée aux abords de la maison ou dans le domicile. Et aucune trace d’infraction ou de vol n’a été constatée dans le domicile du frère de la victime à Xertigny.

Après son interpellation, l’intéressé a hurlé à plusieurs reprises, en attendant d’être évacué des lieux.

… puis hospitalisé

Après la notification de ses droits, l’homme, originaire de Mayotte, a été transporté au centre hospitalier d’Épinal où était relevé par les autorités médicales une incompatibilité de garde à vue. Cette mesure a donc été levée.

Madame le maire de Xertigny a immédiatement pris un arrêté d’hospitalisation sous contrainte concernant le mis en cause. Celui-ci a été conduit à l’hôpital psychiatrique de Ravenel où il est toujours admis à l’heure actuelle.

25 témoins entendus

25 témoins ont été entendus par les enquêteurs de la brigade de recherches de Remiremont de la gendarmerie, des techniciens en identification criminelle de la compagnie de gendarmerie, avec l’appui de la Section de Recherches de Nancy, en présence notamment du magistrat du parquet de permanence et du médecin légiste.

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Frédéric Nahon, procureur de la République (à droite), Colonel de gendarmerie Grégory Moura (à gauche) – Crédits : Zoé Thomas

Où en est l’enquête ?

Il ressort de ces investigations les points suivants :

  • Le domicile à Xertigny où le mis en cause a été interpellé est celui du frère de la femme décédée. Le propriétaire était parti en vacances et avait demandé à sa sœur de garder sa maison.
  • Lors de la perquisition du domicile situé dans la commune de Xertigny, un casque SNCF avec une trace de sang ainsi qu’un pantalon comportant des taches de sang ont été retrouvés.
  • Une perquisition a aussi été menée dans un local SNCF abandonné attenant à la gare de Xertigny, situé non loin de la découverte des corps. Elle a permis d’établir qu’un individu a tenté d’allumer un feu avec des appareils électro ménagers, sans succès.

Ces éléments sont à mettre en relation avec le témoignage d’un riverain qui avait remarqué le 30 mars, veille des faits, de la lumière et du bruit dans ce local SNCF de la commune de Xertigny, ce qui est inhabituel.

Une chronologie partielle des faits est connue

Des moyens conséquents ont dû être déployés pour tenter d’établir une chronologie des faits. Un chien piste est intervenu. Il a permis de retrouver les possibles allées et venues et le parcours du mis en cause. Un drone a également été mobilisé pour figer la scène par une prise de vue aérienne. Il a permis de se rendre compte de l’étendue de cette scène et des emplacements des différents éléments constitutifs de la scène.

Les investigations d’ores et déjà menées permettent d’établir la chronologie suivante :

  • Le mis en cause a cheminé depuis le local de la gare de Xertigny jusqu’au domicile du frère de la victime en passant par un escalier situé entre les habitations et accessible au public.
  • Les deux victimes ont été vues en vie pour la dernière fois à 12 heures 45. Elles ont déjeuné avec des amis, puis sont reparties à 12h45.
  • Les faits ont eu lieu entre 13 heures 30 et 14 heures. L’horaire initial, soit 13 heures 30 correspond au dernier passage de témoins et l’horaire final, soit 14 heures correspond à la découverte des corps.

Durant cet intervalle, il n’est pas possible, en l’état, de dire si le mis en cause a pénétré dans le domicile en l’absence des victimes ou en leur présence. En revanche, il est établi que le mis en cause, après la commission des faits, a réintégré la maison où il a été interpellé.

Qui sont les deux victimes ?

Concernant les deux victimes, il s’agit de deux personnes âgées de 76 ans, ne résidant pas habituellement sur la commune de Xertigny. L’un était la sœur du propriétaire de la maison. Elle était originaire de Dijon et accompagnée d’un ami, Pierre Panon.

Lui, était prêtre du diocèse de Toul-Nancy, à la retraite depuis deux ans. Il officiait encore, mais pas sur la commune de Xertigny. Cette qualité n’était pas apparente lors de l’homicide et aucun élément ne permet d’établir un lien entre sa qualité, ses fonctions et le passage à l’acte.

D’après les premières constatations faites par le médecin légiste, les deux victimes ont subi de violents coups portés sur le crâne, avec un objet qui peut correspondre aux pierres qui ont été retrouvées sur place.

Les autopsies ont été réalisées hier matin à l’Institut médico-légal de Nancy, mais les conclusions ne sont pas encore connues de façon précise.

Le profil du principal suspect

Le mis en cause n’a pas encore été entendu, le mobile de ce double homicide à Xertigny est donc toujours inconnu. Âgé de 34 ans, il est originaire du département de Mayotte. Il mesure environ 1 mètre 90. Et « c’est quelqu’un qui a une force importante », appuie Frédéric Nahon.

Lors de son interpellation il n’était pas alcoolisé, mais avait consommé du cannabis. Il a résidé sur plusieurs communes du territoire français mais était à Épinal depuis une date indéterminée. Des vérifications sont en cours. Selon le procureur de la République d’Épinal, Frédéric Nahon, il aurait été vu au mois de juillet dernier dans le secteur spinalien.

Un homme déjà connu de la justice

Concernant ses antécédents judiciaires, le mis en cause a été condamné une seule fois par le tribunal correctionnel de Saint-Denis-de-la-Réunion par une décision signifiée du parquet, c’est-à-dire qu’il n’était pas présent au moment de sa condamnation.

Cette condamnation remonte au 17 mai 2018 pour des faits de violation de domicile et de dégradation du bien d’autrui. Il a été condamné à la peine de trois mois d’emprisonnement assorti d’un sursis simple. Aucun suivi judiciaire n’a été demandé.

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Colonel Thibault Fritz et Colonel Grégory Moura – Crédits : Zoé Thomas

Par ailleurs, il a été impliqué dans huit affaires traitées par plusieurs parquets entre 2009 et 2022. Ces affaires n’ont pas donné lieu à des poursuites pénales.

Il est notamment à relever deux cas de violation de domicile (en 2015 et en 2018) et un cas de violence avec arme, tous trois classés sans suite pour état mental déficient ou pour irresponsabilité pénale. Pour l’instant, les circonstances de ces dossiers, traités ailleurs sur le territoire nationale, sont inconnues.

Le mis en cause était examiné hier par un expert psychiatre. Il ne serait pas sous mesure de tutelle ou curatelle. Des vérifications sont en cours sur d’éventuels précédents séjours en hôpital psychiatrique.

La date de la sortie de l’hôpital psychiatrique n’est pas encore connue à ce stade.

Une information judiciaire bientôt ouverte

Les investigations se poursuivent désormais à Xertigny dans le cadre d’une enquête de flagrance, dans l’attente de l’audition du mis en cause sous le régime de la garde à vue à sa sortie de l’hôpital psychiatrique.

A l’issue, une information judiciaire sera ouverte des chefs d’homicide étant précédé, accompagné ou suivi une autre crime et violences sur militaire de la gendarmerie avec incapacité totale de travail inférieure à huit jours, suite au comportement du mis en cause lors de son interpellation à Xertigny.