54 : Bayard, le cheval qui collecte du verre à Lunéville

Il s’appelle Bayard et il récolte 600 kilos de verre à chaque tournée puis les amène dans les bornes de tri.

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Ville de Lunéville • Bayard, le cheval ramasseur de verre, en pleine tournée, dans les rues de Lunéville

Un cheval qui collecte du verre, ça vous semble lunaire et pourtant. À Lunéville, tous les samedis de 16 heures à 18h30 un attelage tiré par un cheval au nom de Bayard déambule dans le centre-ville.

Bayard récolte 600 kilos de verre à chaque tournée puis les amène dans les bornes de tri.

Il y a deux objectifs visés avec cette opération : récolter le verre auprès de 30 commerçants lunévillois, situés dans un périmètre de 10 kilomètres, et sensibiliser la population au tri de ces déchets.

Une collecte à replacer dans un contexte historique selon Marcel Côme, chargé de mission à la communauté de communes de Lunéville à Baccarat concernant la stratégie des déchets.

Des propos recueillis par Louison Drillet

Chaque samedi, 600 kilos de verre sont collectés et amenés dans les bornes de tri.

Marcel Côme, chargé de mission à la communauté de communes de Lunéville à Baccarat concernant la stratégie des déchets, décrit comment se déroule la collecte et lance un appel à la population.

Des propos recueillis par Louison Drillet
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Les logos des participants à l’opération

Jusqu’en 1981, les rues de Lunéville résonnaient du bruit des sabots de Bayard.

Chaque jour depuis la gare, le cheval tirait fièrement son chargement de colis à destination des commerçants du centre- ancien. L’histoire raconte que le cheval, connaissant si bien son immuable itinéraire, n’était conduit par aucun cocher : celui-ci profitait du trajet pour faire la sieste, allongé sur la banquette de la calèche…

Aujourd’hui, les habitants et les visiteurs de la Cité cavalière vont pouvoir recroiser une calèche, tirée par un cheval (et un cocher vigilant) dont le nom est précisément Bayard.

À cheval sur le tri du verre

Pour sa troisième année et dans le cadre de sa politique de prévention, de collecte et de traitement des déchets, la Communauté de Communes organise cette animation estivale pour encourager le tri sélectif, en mettant un accent particulier sur la collecte du verre.

Le principe repose sur un attelage tiré par un cheval, effectuant chaque samedi une tournée auprès des professionnels du centre ancien de Lunéville pour collecter du verre (bouteilles, flacons, bocaux) à destination des bornes de collecte.

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Le cheval Bayard et son attelage en pleine tournée

Et concrètement, comment ça se passe ?

Arrivé devant le commerce, le cocher signale sa présence par une cloche et invite le professionnel à rejoindre l’attelage pour troquer une caisse pleine de verre usagé contre une caisse vide.

Le cheval redémarre et poursuit une tournée longue de 10 kilomètres qui le conduit devant une trentaine de commerces participants.

À intervalle régulier, la calèche est vidée de son contenu dans les bornes à verre qui jalonnent l’itinéraire.

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Le circuit de la collecte de Bayard à Lunéville

Sensibiliser la population au tri du verre

Représentant encore une part non-négligeable des erreurs de tri, le verre se trouve toujours de façon importante dans nos poubelles dont il contribue à alourdir le poids.

Le geste de tri est simple à adopter et les points d’apport volontaires sont nombreux sur le territoire.

À travers cette animation, la Communauté de Communes entend porter à travers les rues de Lunéville et à destination des habitants de tout le territoire un message simple et important : misez sur le bon cheval, triez votre verre.

L’équipage qui mène Bayard

L’équipage, venant de la Galopade, centre équestre à Lunéville, est composé d’un cocher et de deux personnes, pour collecter le verre.

L’attelage est tiré par un cheval du nom de Bayard, jeune cheval de trait de 10 ans. Depuis quelques années, il vit en pension à la Galopade, centre équestre à Lunéville.

Spécialement pour cette opération, Bayard a été formé au débourrage et à l’attelage.

C’est Angie qui a été choisi comme cochère à la conduite de l’attelage hippomobile tiré par Bayard.

Entretien avec Marcel Côme, chargé de mission à la communauté de communes de Lunéville à Baccarat concernant la stratégie des déchets

Marcel Côme (MC) : « Bonjour, je m’appelle Marcel Côme. Je suis chargé de mission auprès du président de la communauté de communes de Lunéville à Baccarat concernant la stratégie des déchets. »

Une collecte a replacée dans un contexte historique

MC : « Ça fait à peu près une vingtaine d’années qu’on essayait de mettre en place une déambulation d’un cheval parce que Lunéville est appelée la cité cavalière. En fait, il y a une histoire de cavalerie militaire sur Lunéville. Et donc on s’était dit que dans ce contexte-là, ça serait intéressant de rappeler un peu l’histoire de la ville.

Donc on a choisi de mettre en place une opération sur la prévention des déchets avec l’aide d’une déambulation d’un cheval parce que ça marque les habitants. C’est quelque chose qui est visible et donc ça permet de faire passer un message sur le tri des déchets. »

Il y a également un autre intérêt à la mise en place de cette collecte

MC : « En 2022, la collecte des professionnels [en verre NDLR] a été arrêtée comme dans la plupart des cités. Tout un chacun est donc appelé à amener son verre dans les bornes.

Néanmoins, auprès des commerçants, on s’est dit qu’on pourrait mettre en place à la fois une opération de communication, qui est un peu aussi une collecte, mais qui permet en même temps de mettre en place une attraction touristique. »

Concrètement, comment le verre est-il ramassé ?

MC : « On déambule dans le centre-ville de Lunéville en s’arrêtant aux terrasses de café, en tout cas ceux qui veulent adhérer à l’opération. Le cheval passe. Il est attelé avec une calèche et une remorque dans lesquelles on pose les caisses de verre.

Le cheval s’arrête devant une terrasse, donc a priori il y a du monde sur la terrasse, on espère en tout cas. Et il est muni d’une cloche. Celle-ci fait du bruit, ce qui attire le commerçant et les résidents des terrasses.

Et puis le cheval déambule sur tout le centre-ville de Lunéville du printemps au 1er janvier, avec chaque année, une pause hivernale. »

Une opération qui est un vrai succès

MC : « On a un vrai succès autour du cheminement du cheval. Il y a plein de bénévoles qui ont voulu suivre l’opération.

On a un cocher et un ripeur qui se déplace à pied. Ce ripeur sécurise également les croisements de rue avec les voitures. Il arrête le cheval et on regarde si on peut passer.

Et en plus de ces deux personnes, il y a plein de bénévoles qui viennent chaque semaine et qui font le lien avec le commerçant. Parfois c’est le commerçant qui amène sa caisse, parfois ce sont les bénévoles qui vont sur la terrasse et qui prennent la caisse de verre. Ça se fait vraiment à la bonne franquette. »

Qui peut bénéficier de cette collecte ?

MC : « La collecte est ouverte aux professionnels. Au départ, aux café, hôtel, restaurant. Et puis également à tous les pros qui ont envie d’être sur l’opération et qui ont des déchets en verre. Il y a donc des coiffeurs et des salons de thé qui se sont rajoutés.

Ce qu’on souhaite faire, c’est montrer aux habitants par le biais du geste des commerçants que trier le verre est important.

Les commerçants s’impliquent dans le tri des déchets. Ils montrent qu’ils s’impliquent et on veut passer le message aux habitants : « Vous voyez, les commerçants trient le verre. Faites-en de même ».

Et en même temps, on voit du succès, notamment auprès de personnes âgées et d’enfants qui viennent à la tête du cheval et qui parfois même nous proposent du verre. Comme ça, ils participent aussi à l’opération. Ça permet aux jeunes générations de s’impliquer. »

Combien de chevaux participent à l’opération ?

MC : « Il y a principalement un cheval qui s’appelle Bayard. Il est âgé de dix ans. Et les équipes du centre équestre la Galopage ont acquis un second cheval qu’ils sont en train de former, de façon à pouvoir alterner. »

Quel est l’équipage préent sur l’attelage ?

MC : « Ce sont majoritairement deux personnes. On a une cochère qui s’appelle Angie et un meneur. Le meneur, c’est quelqu’un qui est plutôt à pied et qui sécurise les arrêts du cheval et les croisements routiers. »

Pourquoi continuer la collecte une troisième année de suite ?

MC : « Une troisième, une quatrième, une cinquième année si possible. Parce qu’en plus, l’opération est un succès populaire. On a quand même plus d’une trentaine de commerçants qui participent, sachant qu’on a un périmètre qui est relativement réduit. Si on l’étendait, on aurait encore plus de clients. Mais, on ne peut pas demander plus au cheval. Et puis qu’on est aussi contraint par le temps.

Sur l’opération, on collecte des segments et on s’arrête aux bornes qui sont dans la tournée. C’est-à-dire qu’on vide notre charrette. Ça aussi, ça fait partie de l’opération. C’est pour montrer aux gens le geste du tri dans la borne.

Et puis, c’est un vrai succès auprès des habitants. Le pas du cheval, ça s’entend, surtout un samedi après-midi, quand il fait beau et qu’il n’y a pas trop de voitures en circulation.

Il faut savoir quand même que quand on a fait la première opération, les terrasses étaient bondées, il faisait beau, il y avait plein de clients. On s’est fait applaudir fortement.

Il y a une trêve hivernale mise en place, car il n’y a personne sur les terrasses les trois mois d’hiver. Mais il y a des commerçants qui réclament aujourd’hui, qui attendent qu’on reprenne la tournée en hiver. »

Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter ?

MC : « On est fiers d’avoir réussi cette opération. Il y a vingt ans, on a essayé de la monter. Ça ne s’est pas fait.

C’est un partenariat avec la mairie de Luneville, la comité de commune, l’association La Galopade. C’est celle qui fournit le cheval et les cochers. Et prochainement, on va signer également un partenariat avec l’IFCE (l’Institut français du cheval et de l’équitation). L’IFCE, ça correspond dans le secteur au haras National à Rosières-aux-Salines. »