À Besançon, les tirs à l’arme de guerre de 2022 sont liés au trafic de stupéfiants

À Besançon, plusieurs tirs ont été observés en 2022. Le jugement vient d’être en partie rendu.

Besançon
Kilian Kueny - MLR • Image d’illustration

Du lundi 24 au mercredi 26 mars 2025, six hommes ont été jugés par le tribunal correctionnel de la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy dans une affaire concernant des tirs à l’arme de guerre aux mois de novembre et décembre 2022, rue de Fribourg, à Besançon, dans un contexte de lutte pour le contrôle d’un point de deal.

Des premiers tirs à Besançon en novembre 2022

Le 24 novembre 2022, aux alentours de 23 heures, un véhicule Peugeot 308 est pris en chasse rue de Fribourg à Besançon par une puissante moto montée par deux individus.

Le passager de la moto, armé d’une fusil d’assaut de type Kalachnikov, tire à de multiples reprises sur le véhicule des victimes. 17 impacts sont constatés à l’arrière de leur véhicule. En dépit du nombre et de la puissance de tirs, les deux victimes ne subissent que des blessures légères.

Au cours de la poursuite, toujours à Besançon, le véhicule d’une mère de famille qui revenait du cinéma avec sa fille est percuté et atteint par deux tirs, sans faire heureusement de blessé.

Le 26 novembre 2022, plusieurs tirs au moyen du même fusil d’assaut ont à nouveau lieu, rue de Fribourg, à Besançon. Une personne non identifiée est visée. Elle parvient à prendre la fuite, sans être atteinte.

Des balles perdues atteignent deux appartements situés pour l’un à 30 mètres du lieu des tirs et pour l’autre à 175 mètres. Dans le premier appartement, un enfant de huit ans se trouve à côté d’une fenêtre qu’un projectile traverse avant de finir sa course dans un mur du salon.

Dans le second appartement, une femme indique se trouver assise sur son canapé lorsqu’une balle percute le mur au-dessus de sa tête.

Début décembre 2022, les tirs continuent

Le 1er décembre 2022, de nouveaux tirs sont commis avec la même arme. Deux personnes sont visées.

Un mineur, âgé de quinze ans parvient à prendre la fuite sans être touché. Un jeune adulte est, lui, atteint à la jambe. Celui-ci, originaire de la Meuse, indique avoir été recruté pour travailler sur un point de deal via les réseaux sociaux.

Des investigations menées à Besançon en lien avec Nancy

Les investigations sont menées par la Division de la Criminalité Organisée Spécialisée (DCOS) du Doubs qui mobilise d’importants moyens sous la direction d’un juge d’instruction de la JIRS de Nancy.

Elles mettent en évidence que les violences ont pour origine une lutte qui oppose deux bandes
rivales pour le contrôle d’un point de deal, rue de Fribourg, à Besançon.

Logo de la JIRS Nancy et du ministère de la Justice

Un chiffre d’affaires de plus de 15 000 euros par jour

Il ressort des investigations que ce point de deal pouvait générer un chiffre d’affaires de plus de 15 000 euros par jour.

Quotidiennement, les ventes y étaient assurées par une équipe composée de plusieurs personnes : les vendeurs (dits aussi les « charbonneurs »), les guetteurs et le ravitailleur qui agissaient sous l’autorité d’un « gérant », lui-même aux ordres d’un « patron ».

8 personnes poursuivies

À l’issue de l’instruction, des charges sont retenues contre huit personnes pour des faits qualifiés de participation à une association de malfaiteurs, violences avec arme, détention d’arme et trafic de produits stupéfiants.

Deux d’entre elles, qui reconnaissent leur participation au trafic de stupéfiants et qui ne sont pas impliquées dans les tirs, acceptent les peines proposées par le ministère public dans le cadre d’une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (procédure dite de « plaider coupable »).

6 sont renvoyées devant le tribunal

Les six autres suspects, âgés entre 18 et 23 ans au moment des faits, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel.

Les trois principaux prévenus reconnus coupables d’avoir participé comme auteur ou complice à une ou plusieurs séquences de tirs et d’avoir été actifs dans le trafic de stupéfiants sont condamnés à des peines de 15 ans, 10 ans et huit ans d’emprisonnement.

Un autre prévenu reconnu coupable de participation à l’association de malfaiteurs et de trafic de stupéfiants est condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement.

Les quatre hommes étaient en situation de récidive légale.

Deux autres prévenus sont respectivement condamnés à 16 mois et un an d’emprisonnement.
Plusieurs d’entre eux ont fait appel de leur condamnation.

Des membres du clan adverses condamnés

Cette décision fait suite à la condamnation, le mois dernier de cinq personnes appartenant à un clan adverse, impliquées dans le mitraillage du même point de deal, au mois de janvier 2023.

Les deux principaux prévenus ont été condamnés à 12 ans d’emprisonnement. Ils ont fait appel de la décision.

Trois autres épisodes de tirs jugés en mai

Au mois de mai, le tribunal correctionnel de la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy examinera trois autres épisodes de tirs survenus aux mois d’août et septembre 2022, en lien avec le même point de deal, à Besançon.

Pour rappel, une information judiciaire est toujours en cours à la JIRS de Nancy à la suite de l’assassinat, rue de Fribourg à Besançon, le 29 août 2022, d’un mineur de 15 ans, abattu par un tireur cagoulé armé d’un pistolet automatique.