Hommage à Addi Ba, jeune Guinéen, engagé chez les tirailleurs sénégalais et dans la résistance vosgienne ce mercredi 18 décembre
La section de la Ligue des droits de l’Homme de Neufchâteau-Plaine des Vosges a rendu hommage à la mémoire d’Addi Ba jeune Guinéen engagé chez les tirailleurs sénégalais et la résistance vosgienne.
La section de la Ligue des Droits de l’Homme de Neufchâteau-Plaine des Vosges a rendu hommage à la mémoire d’Addi Ba jeune Guinéen engagé chez les tirailleurs sénégalais et la résistance vosgienne ce matin, à 11h, jour anniversaire de son exécution par les nazis, au niveau du panneau commémoratif du maquis de la résistance situé sur la D24 entre Sauville et Martigny les Bains à hauteur de La Vacheresse.
Une vingtaine de personnes, dont deux adjoints de la Vacheresse et deux représentants de la Ligue des droits de l’Homme d’Épinal, étaient présentes.
Ce panneau a été profané au printemps dernier par des tirs de balles. Et fait du hasard , c’est aussi la journée internationale des migrants.
Un double discours d’hommage et de soutien
La Ligue des droits de l’Homme a profité de cet hommage à Addi Ba pour apporter leur soutien à la famille Géorgienne de Coussey. Un discours a été fait en ce sens, aujourd’hui, ce mercredi 18 décembre journée Internationale des migrants.
Olivier Harquet, le président de la section Neufchâteau Plaine des Vosges de la Ligue des droits de l’Homme, a tenu ces deux discours, que nous retranscrivons ci-dessous.
Le discours en hommage à Addi Ba
« Nous sommes réunis aujourd’hui pour honorer la mémoire d’Addi Ba, fusillé il y a 81 ans par les nazis. Le 18 décembre, qui marque aussi la Journée internationale des migrants, n’est pas seulement une date : c’est un rappel que la France doit beaucoup à celles et ceux venus d’ailleurs, qui ont défendu sa liberté et ses idéaux.
Addi Ba, originaire de Guinée, s’était engagé parmi les tirailleurs sénégalais. Fait prisonnier le 18 juin 1940, il s’évade le jour même, entre dans la Résistance alors qu’il n’y était nullement contraint, et dirige ici-même le camp de la Délivrance, confié par son camarade Marcel Arburger.
Arrêté en juillet 1943, blessé, puis torturé, Addi Ba ne trahira jamais. Il sera exécuté avec d’autres héros le 18 décembre 1943 à Épinal.
Au printemps 2024, sur le panneau commémoratif du camp de la Délivrance, le seul portrait d’Addi Ba est criblé de balles.
Dans une année marquée par la célébration du Débarquement et la panthéonisation du couple Manouchian, cet acte constitue une seconde mise à mort symbolique, perpétrée dans un silence inquiétant.
Il a fallu attendre septembre et la plainte déposée par Maître François-Xavier Wein pour qu’il soit révélé, exposant au grand jour un acte non seulement stupide, mais aussi raciste. Qu’est-il reproché à Addi Ba, sinon d’être noir et d’avoir osé incarner l’honneur de la France ?
Dans un contexte international et national rappelant la fragilité des acquis démocratiques, il est urgent de ne pas banaliser le mal. Alors que s’éteint peu à peu la génération ayant connu l’horreur de la Seconde Guerre mondiale, nous devons défendre sans relâche la mémoire de ceux qui résistèrent, et faire vivre ces idéaux d’égalité, de dignité et de justice sociale.
Nous le devons à Addi Ba, comme à toutes celles et ceux qui, souvent venus d’ailleurs, ont enrichi notre histoire et renforcé notre République.
Si nous laissons ce souvenir s’éteindre, c’est l’idée même de liberté qui vacillera.
C’est pourquoi l’éducation, la vigilance et l’engagement demeurent plus que jamais nécessaires.
Tenir vivante la mémoire des résistants, c’est empêcher que le cycle infernal de la haine ne ressurgisse. Ensemble, portons haut ces valeurs qui ont inspiré Addi Ba et tous ceux qui se sont dressés contre la barbarie. »
Une gerbe a été déposée et un discours a été lu en son honneur.
Le discours de soutien à la famille Géorgienne
« Je souhaiterai également profiter de cette journée internationale des migrants, pour apporter officiellement le soutien de notre section des droits de l’Homme, à la famille Antia, Thatuna et Gosha, les parents, ainsi qu’à leur quatre enfants.
Cette famille géorgienne qui a trouvé refuge dès 2019 dans notre circonscription, d’abord à Martigny-les- Bains – à quelques kilomètres d’ici – et actuellement à Coussey. Menacés de mort, ils avaient dû fuir leur pays.
Aujourd’hui, Khatuna est sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) alors même que la Géorgie traverse une grave crise politique.
Son frère a été arrêté à Tbilissi par la police géorgienne, il y a seulement quelques jours, après un discours à la télévision.
Nous pouvons légitimement nous inquiéter du sort qui serait réservé à Khatuna, si elle venait à être expulsée. La mettre en danger est incompatible avec le droit. Sans parler du désarroi pour sa famille.
Nous appelons à la raison les décideurs, de ne pas céder à une politique du chiffre, totalement aveugle.
Cette famille, parfaitement intégrée, a d’ailleurs le soutien d’élus locaux et de la population. Des pétitions sont mises en place ( change.org et localement ).
Là aussi , nous devons plus que jamais rester vigilants, dans cette période trouble. »